Maîtriser les quantités de cuivre en agriculture biologique

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Dans l'état des connaissances actuelles, il n'y a pas d'alternative efficace au cuivre pour lutter contre le mildiou de la vigne en agriculture biologique. Donc, pour le moment, le cuivre n'est pas substituable et la réglementation impose une quantité de cuivre limitée 28 kg/ha lissable sur 7 ans. Afin de garantir une protection phytosanitaire acceptable pour le viticulteur quelles règles de base sont à respecter.

Réglage et vérification du pulvérisateur

Une bonne protection phytosanitaire commence par le réglage de son pulvérisateur. Le matériel doit être réglé en début de saison et vérifié en cours de campagne.

Comment régler son pulvérisateur ?

Cette opération ne comporte pas de difficulté particulière mais elle est primordiale. En effet, on a souvent tendance à remettre en cause une défaillance de son programme de traitement alors que le pulvérisateur est mal réglé. Si, et seulement si, le matériel est irréprochable, nous pouvons analyser en fin de campagne les programmes ou les positionnements des traitements afin de les améliorer.
Les systèmes de traitements en face par face sont à privilégier pour assurer une couverture optimale. En agriculture biologique, il est indispensable d’avoir le matériel et le personnel suffisant pour pouvoir traiter l’ensemble du vignoble dans une journée.

Limiter les risques par des mesures prophylactiques

Le cuivre étant un produit préventif de contact, son efficacité reste limitée comparé à certains produits conventionnels. Bien concevoir et entretenir ses parcelles permet de limiter l’installation du mildiou.

  • Lors de la plantation, si la parcelle est humide, réaliser un drainage
  • Les présences de mouillères sont à proscrire
  • Limiter la vigueur
  • Afin d’atténuer les contaminations primaires réaliser les épamprages (jambe et tête) le plus tôt possible
  • En cours de saison ne pas tarder à faire les relevages, les rognages et écimages pour faciliter la pénétration de la bouillie dans le feuillage pour atteindre le maximum d’organes

Mettre en place un Témoin Non Traité (TNT)

Ce dispositif permet de suivre en temps réel l’évolution de la maladie sur la parcelle. Le TNT est aussi très utile pour constater l’efficacité de ses interventions en protection phytosanitaire.
Pour sa mise en place, le plus pratique est de positionner le témoin près de l’habitation ou d’un lieu de vie de l’exploitation. Cette proximité permet de contrôler plus facilement et plus régulièrement la situation sanitaire de cette placette. Choisir de préférence une situation en bordure de parcelle et en amont des vents dominants, pour limiter les éventuelles dérives de produits. La parcelle choisie peut être soit une des plus sensibles de l’exploitation et servir d’alerte, soit une des plus représentatives de l’exploitation.
Il doit être visité régulièrement et avant chaque décision d’un traitement.

Baliser des rameaux

Ces rameaux vont servir à surveiller la pousse de la végétation. Lorsque qu’elle est active, toutes les conditions de développement du champignon sont favorables (température de l’air et du sol, pas de déficit hydrique et forte circulation de sève).
Ces rameaux seront mesurés avant chaque traitement et plus régulièrement si on observe un développement rapide de la végétation. Si la pousse dépasse 20 cm après un traitement il faudra renouveler l’application car les nouveaux organes ne sont pas protégés.

Installer des pluviomètres et/ou une station météo

Il faut impérativement avoir des pluviomètres et/ou une station proches de la parcelle. En effet, la pluviométrie est le facteur le plus déterminant pour décider d’un renouvellement de traitement. A chaque pluie, un relevé doit être fait car le lessivage est considéré comme total après un cumul de 20 mm. Bien évidemment, les applications ne doivent être positionnées qu’avant les prochaines pluies contaminatrices (hors risques de rosée importants).

Le premier traitement

Le premier traitement est conditionné par plusieurs éléments :

  • Les œufs de mildiou sont matures donc prêts à germer
  • Le stade de sensibilité de la vigne de 2 à 3 feuilles étalées est atteint
  • Des précipitations sont annoncées

Il est essentiel de suivre les avertissements locaux comme le Bulletin de Santé du Végétal (BSV) afin de connaitre l’avancée de la maturité des œufs de mildiou.
De plus, sur son parcellaire, il faut identifier les parcelles précoces afin de déterminer le stade de sensibilité au plus tôt.
Si les paramètres énoncés plus haut sont atteints, le premier traitement sera positionné avant la pluie contaminatrice. Cette période est très stressante pour le viticulteur car plus la contamination primaire arrive tôt sur les parcelles, plus le nombre de repiquage sera élevé. Dans tous les cas, la première intervention ne démarrera pas avant le stade 2 à 3 feuilles étalées car, avant ce stade, le végétal n’est pas sensible au mildiou.

Gestion des renouvellements des traitements

La pluie est le paramètre le plus déterminant pour renouveler un traitement. En effet, pour rappel, le cuivre est un produit de contact sensible au lessivage. On considère qu’après 20 mm de pluie la protection du traitement précédent n’est plus efficace. On renouvellera donc dès que les 20 mm de précipitation vont être atteints.

D’autres facteurs peuvent influer sur la prise de décision d’un renouvellement, quelques exemples :

  • Si après un traitement, on relève 15 mm et que les prévisions météo annoncent 5 mm, il faut prévoir une intervention
  • Si la pousse de la végétation dépasse 20 cm, même si le dernier traitement n’est pas lessivé, il faudra renouveler pour protéger les nouvelles pousses ; idem pour les grappes si le stade phénologique évolue rapidement de nouaison à grain de pois.
  • S’il n’y a pas de pluie et que le climat est sec (pas de rosée, ni de brouillard, sol sec, pas de précipitations annoncées), il n’est pas nécessaire de réaliser des traitements contre le mildiou qui ne peut se développer dans ces conditions. Cette situation arrive généralement en juin, juillet.
  • S’il n’y a pas de pluies annoncées mais que l’humidité du sol et de l’air sont importants, que l’on se trouve en période sensible au mildiou (floraison) et que l’on observe de nombreux symptômes de mildiou sporulant. On peut prévoir un traitement car même sans précipitation il peut y avoir des contaminations.

Adapter les quantités de cuivre à appliquer

  • Les quantités de cuivre vont dépendre de la surface foliaire, de la pression mildiou, de la pousse et du lessivage.
  • Plusieurs outils d’Aide à la Décision (OAD) tel que Optidose® ou encore Décitrait® proposent des modules pour vous accompagner dans le choix de la quantité de cuivre à apporter.
  • Afin de réduire les doses à appliquer, il est possible d’associer un produit alternatif tel qu’un produit de biocontrôle si les conditions le permettent.

Pour décider de renouveler un traitement et adapter au mieux la dose de cuivre métal, il faudra :

  • Observer le TNT afin de suivre la dynamique de la maladie et évaluer sa pression
  • Relever le ou les pluviomètres pour déterminer avec les prévisions météo quand le traitement est lessivé
  • Mesurer les rameaux pour définir si la pousse est active
  • Mesurer l’inter rang, la largeur et la hauteur du feuillage pour calculer le volume de la haie foliaire

Exemples de stratégies de traitement pour le millésime 2020

Dans cet exemple, la pression mildiou a été moyenne. Les traitements pour protéger les feuilles du mildiou mosaïque après la véraison ne sont pas mentionnés (compter 1 à 2 applications à 300 g/ha de cuivre métal suivant les millésimes).

tableau des traitements 2020
Traitement sur une parcelle du bordelais d’une densité de 4 167 cep/ha avec une hauteur de rognage de 1.2m depuis les bras de taille ©CA33
  • En début de saison, la surface foliaire est faible donc les quantités de cuivre par traitement sont peu élevées. Pour le premier traitement, 50 à 100 grammes de cuivre métal à l’hectare sont généralement suffisants.
  • A partir du T6, la pousse est très active, il y a une rosée importante le matin et nous sommes au stade de sensibilité élevée du mildiou (floraison). Bien que la pluviométrie n’ait été que de 9 mm, un traitement s’impose.
  • Pour la suite des traitements, les quantités de cuivre sont en adéquation avec la surface foliaire exposée (généralement en pleine végétation on prévoit 400 grammes maximum de cuivre métal).
  • Après le T9 les conditions climatiques étaient sèches et chaudes, le mildiou sur les TNT n’évoluait pas. Le dernier traitement sur grappes a été réalisé le 25/07 (non mentionné dans le tableau).

En résumé

Tous les points abordés plus haut sont relativement simples à mettre en place et seront reproduits chaque année. Le suivi des TNT va permettre de se familiariser aux différents schémas d’attaque du mildiou suivant les millésimes afin d’adapter ses stratégies de lutte.
Il n’y a pas de recette miracle pour gérer les traitements mais l’important et de pouvoir savoir pourquoi une protection a été déficiente. Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que si le pulvérisateur est mal réglé, on ne pourra pas analyser ses programmes ou ses positionnements de traitements. Ce sera donc une année de perdue, aussi bien financièrement que stratégiquement.

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