Une prophylaxie efficace en viticulture

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Actuellement, 80% des produits phytosanitaires utilisés sont des fongicides. Une voie d’optimisation et de réduction de leur usage peut être une gestion agronomique amont par la prophylaxie. Cette pratique est fondamentale pour la mise en œuvre d’itinéraire technique plus durable. Nous vous proposons de la définir ainsi que ses champs d’action, de déterminer les facteurs qu’elle cible et enfin, les points d’attention pour éviter que son application pénalise la production de raisin.

La prophylaxie c’est quoi ?

L’agroécologie, orientation technique durable, intègre pleinement dans sa démarche la prophylaxie. Cette dernière est largement pratiquée en viticulture. Actuellement, l’enjeu de sa réalisation n’est pas systématiquement perçu comme un élément déterminant de lutte contre les bio agresseurs.
La prophylaxie regroupe tous les choix culturaux de la plantation du vignoble aux pratiques de conduite réalisées ensuite, empêchant l’installation de bio agresseurs, réduisant leur propagation ou en favorisant leur régulation.
Ces bio-agresseurs se déclinent sous forme d’agents pathogènes (maladies fongiques, virales ou bactériennes), ravageurs, vecteurs de certains agents et enfin d’adventices concurrentielles.
Ces mesures prophylactiques sont majoritairement effectuées préalablement à l’application de produits phytosanitaires incluant ceux de biocontrôle afin d’en améliorer leur efficacité.

Quels sont ses champs d’application ?

Plusieurs stratégies prophylactiques peuvent être combinées.

Sur l’environnement immédiat de la culture

  • par la réduction ou la suppression des sources de diffusion ou favorables à l’installation du bio agresseur (plantes hôtes ou réservoirs, sol non ressuyé…)
  • par l’amélioration des conditions du milieu à l’implantation de populations prédatrices ou parasitoïdes ou enfin, concurrentielles des bioagresseurs.

Sur la culture elle-même

  • par un raisonnement de la vigueur dès la plantation (choix du porte greffe et du greffon…) puis de la fertilisation
  • par la perturbation du cycle du bio-agresseur en modifiant des paramètres microclimatiques et en les rendant plus hostiles (ex : l’ébourgeonnage sur les baguettes (ou astes) aux mérithalles courts, un nœud sur deux, espace les futurs rameaux et favorise une bonne aération du végétal …)
  • par la réduction des supports végétaux où la population de bio- agresseur pourrait être présente (ex. : diminution des formes de conservation hivernale (destruction des supports en hiver par brulage ou compostage, suppression des jeunes feuilles atteintes par l’écimage)
  • par l’utilisation des services écosystémiques concurrençant le bio-agresseur en occupant la place (ex. : les engrais verts semés empêchant ou limitant l’implantation et le développement des adventices et apportant le service du à ses caractéristiques).

Sur l’organisation du travail, le mode d’intervention et les techniques employées

  • par une organisation de travail adaptée (ex. : travail d’abord sur vignes saines puis atteintes au moment de la taille, repérage des pieds virosés…)
  • par un nettoyage et une désinfection des outils utilisés (ex. : lames de sécateur)
  • par le choix technique favorisant l’implantation ou non du bio-agresseur (ex. : l’orientation des rangs expose plus ou moins les deux faces du rang au soleil, la tonte rase sélectionne certaines espèces d’adventices)
rang de vignes effeuillé
rang de vignes effeuillé ©IFV
Tonte inter rang
Tonte inter rang ©IFV

La prophylaxie modifie quoi ?

Les bio agresseurs ne se développent que si les conditions notamment climatiques leur sont favorables. Hormis les adventices, ils utilisent alors la vigne pour s’alimenter et/ou se reproduire. Ces conditions de développement sont diverses.

L’eau

L’eau libre sur le végétal permet l’installation des contaminations primaires de la quasi-totalité des maladies fongiques. Pour les ravageurs, sous forme de pluie, elle peut être un facteur limitant en réduisant leur capacité de déplacement et/ou de reproduction.

Dans notre contexte climatique océanique, les hygrométries influent généralement favorablement à la conservation, à la maturation et la germination des formes hivernales des maladies cryptogamiques. Au printemps ou en été, elles sont à l’origine de l’apparition de rosée favorable principalement aux repiquages des maladies fongiques dans des parcelles déjà atteintes mais sont aussi favorables aux pontes plus abondantes de tordeuses de la grappe.

La température

Elle influe tout au long de l’année directement sur les bioagresseurs mais aussi sur le développement de la vigne et sa sensibilité. De manière indirecte, elle influe sur l’apparition d’eau libre par condensation et également par atteinte du point de rosée.

La lumière

Elle agit directement et indirectement. La luminosité est craint par certains ravageurs (acariens par exemple) et peut empêcher le développement mycélien (par exemple : l’oïdium). Le rayonnement émis produit de la chaleur et influe sur la vitesse d’évaporation de l’eau libre présente.

L’air

Le brassage du feuillage provoqué par le vent augmente la vitesse de séchage en raccourcissant les durées d’humectation et impacte la vitesse d’installation (1éres contaminations notamment) et de propagation des bioagresseurs. Globalement, un brassage de l’air augmenté au niveau de la zone fructifère, va réduire les risques de contaminations fongiques et la ponte de certains ravageurs.

Le sol

Plus spécifiquement pour les adventices, la gestion de leur population est possible en modifiant ses pratiques d’entretien (exemple : fréquence et hauteur de tonte…) mais aussi les caractéristiques chimiques (exemple : modification du pH par chaulage …) et structurelles du sol.

Schéma synthétique du champ d’action de la prophylaxie
Schéma synthétique du champ d’action de la prophylaxie ©IFV

Quelle attention doit-on avoir ?

La prophylaxie peut viser l’ensemble des bio-agresseurs de la vigne. Son efficacité repose sur le raisonnement de sa pratique en fonction des conditions climatiques, de la virulence du ou des bio-agresseurs considérés, de l’environnement immédiat de la vigne et de la phénologie. Le moment de sa réalisation impacte nécessairement son efficacité. Son exécution trop précoce la rend inutile et trop tardive, elle peut aggraver la situation.

Il est nécessaire aussi de s’interroger lors de sa mise en application, si elle ne génère pas une accentuation de l’installation du ou des bio agresseurs (exemples : la tonte rase favorisant les adventices à développement rampant, la segmentation des rhizomes démultipliant l’adventice lors du travail du sol (ex. : chiendent…)).

Il est aussi nécessaire d’intégrer d’autres problématiques tel que le changement climatique. Des adaptations peuvent être mis en place pour en tenir compte :

Par exemple : L’effeuillage précoce, au stade nouaison, permet à la fois de mieux protéger la récolte par un meilleur positionnement des produits de traitement. La précocité de sa réalisation associée au rognage et à l’écimage développera les entre cœurs qui assureront en été l’ombrage nécessaire au risque d’échaudage. Par ailleurs, suivant l’orientation des rangs, une augmentation de la hauteur du palissage et le maintien de la surface de feuillage exposée par la suppression équivalente de cette hauteur à la base des rameaux (cf schéma ci-dessous) peuvent permettre à la fois de bien aérer la zone fructifère, de mieux positionner les produits de traitement et de réduire la durée d’exposition des grappes au soleil en obtenant une ombre portée sur la zone fructifère.

Schéma de présentation de la gestion de l’ombre portée avec un rehaussement du palissage
Schéma de présentation de la gestion de l’ombre portée avec un rehaussement du palissage ©IFV
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