Pourquoi le risque de gel en viticulture est préoccupant ?
En raison, entre autre, du changement climatique, le vignoble bordelais est confronté depuis plusieurs années à des épisodes de gel printanier récurrents impactant bien sûr les rendements mais également la survie des ceps de vigne. La douceur hivernale provoque des débourrements plus précoces qu’auparavant alors que le risque de gel n’est pas encore écarté.

Leviers d’adaptation à réaliser au vignoble en amont du risque gel
Le diagnostic de son vignoble est l’étape primordiale pour repérer les zones sensibles au gel, analyser l’environnement général du parcellaire (pente, bas de vallon, bois ou haies, étang ou zones humides), identifier les passages des vents du nord pour cerner les zones prioritaires à protéger ou à conduire différemment. La lutte contre le gel se réfléchit dès l’implantation d’une parcelle (emplacement, porte greffe, cépage, hauteur du fil de pliage…).
La lutte passive comprend toutes les actions préventives, réalisées au vignoble, bien avant l’annonce d’un gel, en particulier en agissant sur le mode de conduite. Le cumul de toutes les actions est susceptible d’atténuer les effets d’un gel précoce (gel survenant pendant la période de débourrement)
Quelles pratiques potentiellement atténuantes sur le mode de conduite ?
- augmentation de la hauteur du tronc (110 vs 60 cm) : + 0,3°C (source ATV 49). La masse d’air froid plus lourde, reste proche du sol, tandis que la masse d’air chaud monte. Plus le fil de pliage est éloigné du sol, plus le gain de température est important.
- pratique de la taille tardive pour décaler la date de débourrement
- travail des inter-rangs bien en amont du risque gel pour que le sol ait le temps de se tasser naturellement : + 1°C (source ATV 49)

Comment les vents et l’environnement parcellaire influencent les effets du gel ?
La dérive catabatique est un vent gravitationnel produit par le déséquilibre d’une masse d’air refroidie, devenue de ce fait plus dense, qui dévale alors un relief géographique, de la même manière que l’eau s’écoule sur la terre. Même si la parcelle est plane, la dérive sera influencée par la topographie en pente à plusieurs kilomètres de distance, en amont.
Les zones humides favorisent également la captation de cet air froid. Certaines essences d’arbres, en particulier le pin maritime accentue le risque gel.
Les haies rencontrées lors de l’écoulement de cette masse d’air pourront être protectrices ou aggravantes, comme le montre le schéma ci-dessous.
Pour améliorer les écoulements d’air froid, et éviter l’emprisonnement de ces masses dans les parcelles de vignes, des passages devront être crées au niveau des haies, les bosquets devront être nettoyés et les zones humides identifiées.

Quelles recommandations suivre en cas d’utilisation de moyens de lutte active ?
Les techniques d’atténuation au vignoble peuvent être insuffisantes. Le recours à des moyens de lutte active est dans ce cas nécessaire. Pour la plupart, ils peuvent occasionner des nuisances sonores voire olfactives et sont éventuellement soumis à des réglementations spécifiques comme l’aspersion (autorisation de prélèvement eau) ou les tours anti-gel fixe (demande préalable pour l’aire bétonnée).
En cas d’utilisation de ces matériels émetteurs de potentielles nuisances, les mairies, riverains voire les pompiers doivent être informés.
Le déclenchement de ces systèmes doit être corrélé à l’accès d’un réseau de prévisions météo pour éviter les mises en route inutiles ou trop tardives.


Article écrit en collaboration avec Gabriel Ducos (FPCUMA33-47)
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