Les Témoins Non Traités (TNT), sentinelles du vignoble

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Le Témoin Non Traité est une portion réduite de parcelle sur laquelle aucun traitement fongicide n’est réalisé. L’objectif est de repérer l’apparition des premiers symptômes et d'observer régulièrement la progression des maladies pour mieux positionner les traitements et contrôler leur développement. Agissant comme une sentinelle du vignoble, c’est un dispositif individuel et collectif facile à déployer et simple à suivre. La protection fongicide masque la pression épidémique réelle ; celle-ci est très variable en fonction du millésime, des parcelles (sol / topographie), des cépages... Le TNT joue un rôle de révélateur ; il permet de mieux comprendre ce qui se passe sans la protection chimique.

Des témoins non traités par qui et où ?

Pour établir un état des lieux des pratiques et des attentes des témoins non traités, une enquête a été réalisée en 2022 dans le cadre d’un programme d’action régional VITIREV, en réponse aux enjeux d’adaptation climatique et de transition écologique.

90 répondants ont déclaré suivre un ou plusieurs TNT, soit un total de 202 TNT suivis. Parmi eux, 119 (soit près de 60 %) sont observés par des techniciens et 83 (soit 40 %) par des viticulteurs. Une part déjà importante des communes viticoles bénéficie de 1 à 2 TNT. Certaines d’entre elles en ont jusqu’à 5 voire davantage. Le Médoc, le Libournais, le cœur de l’Entre-deux-Mers, et le Bergeracois, sont plutôt pourvues en nombre de sites observés. Mais cela n’est pas encore suffisant et mérite d’être renforcé avec un objectif à atteindre d’un TNT suivi dans chaque commune viticole (objectif défini pour un Réseau d’Alerte Communal).

Accéder aux résultats de l’enquête
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Emplacement des TNT suivis dans le cadre du BSV en 2023
Emplacement des TNT suivis dans le cadre du BSV en 2023

Mode d’emploi

Le TNT est une portion de parcelle qui ne reçoit aucun traitement fongicide (ni insecticide, hors traitement obligatoire) pouvant être un rang entier avec des rangs de garde, souvent en bordure de parcelle ou une portion de rangs non traités. Ce peut être aussi une piqueté protégée contre les traitements par un bâche. Pour faciliter cette mise en œuvre, des systèmes de bâchage sont récemment mis sur le marché. Ils présentent l’intérêt d’être mécanisés et simplifient la pose, la dépose et le rangement de la bâche. Ces systèmes sont soit manuels ou télécommandés.

Les suivis se font lors de la période végétative, à une périodicité hebdomadaire.

Le temps de suivi est compris entre cinq minutes et une heure selon le protocole appliqué. Mais majoritairement, les agriculteurs estiment en moyenne à ¼ d’heure chaque semaine, le suivi de leur TNT.

En priorité, les trois principales maladies sont observées : mildiou, oïdium et black rot, en cohérence avec le risque de développement exponentiel de ces maladies qui génèrent la plus forte consommation de produits phytosanitaires. Des observations de ravageurs, cicadelles, tordeuses et auxiliaires peuvent être également effectuées.

Deux formes d’observations sont possibles :

La déclaration des premiers symptômes pour chacune des maladies ou uniquement celle qui est la plus préoccupante au cours de la saison. Ces observations hebdomadaires s’arrêtent à la détection du premier foyer. Le témoin est ensuite traité entièrement jusqu’à la récolte. Cette détection des premiers foyers et sa localisation sont les objectifs principaux fixés pour le Réseau d’Alerte Communal.

Les suivi sous la forme de notations suivant des protocoles harmonisés est la seconde possibilité. Les résultats peuvent être ainsi exploités et synthétisés sous différentes formes (cartographies, graphiques…).


En majorité, les TNT ne sont pas du tout traités en saison. Toutefois, ils peuvent l’être partiellement en fonction des dégâts. Cette pratique permet ainsi de limiter une trop forte dégradation sanitaire du feuillage et de la récolte sur la majeure partie de la zone observée tout en permettant le suivi dynamique des maladies.

Quels intérêts ?

La décision motivant l’installation et le suivi de TNT est multiple :

  • Informer le viticulteur du moment où les premiers symptômes apparaissent sur son vignoble. En fonction du choix du site, cette indication d’apparition peut être un avertissement dans le cas d’une parcelle très sensible à un ou plusieurs pathogènes ou d’un comportement moyen si la parcelle est « standard ».
  • Informer sur la dynamique des maladies. La vitesse d’apparition des symptômes, la façon dont ces derniers se propagent permettent de mieux appréhender en fonction des prévisions météorologiques le déroulement de l’épidémie.
  • Conforter ou non les informations annoncées par les modèles épidémiologiques, les bulletins, etc. Cette confrontation des informations et des observations permet d’adapter sa stratégie de protection.
  • Fiabiliser les résultats observés par une mutualisation de l’information à l’échelle communale ou de façon plus élargie. Cela permet, comme pour les parcelles très sensibles, d’anticiper certaines contaminations dans les choix de protection anti fongique. Dans de nombreux cas, le viticulteur arrive à mieux gérer le démarrage de sa protection contre les maladies. De leurs aveux mêmes, l’absence de symptômes sur leurs TNT dans leurs zones de production conforte leur décision quand il repousse la première application.
  • Optimiser les traitements. Suivant les millésimes, le retardement du premier traitement et les impasses de protection en cours de saison peuvent non seulement représenter une économie financière mais aussi de temps de travail. Il peut s’ajouter à ceux-ci un impact environnemental moins nocif si le viticulteur n’est pas amené à utiliser des produits aux phrases de risque classé dangereux pour la santé et l’environnement.

Le TNT permet donc l’adaptation des traitements à la pression parasitaire observée.

  • Communiquer avec le voisinage. En plus de l’intérêt de s’affranchir du respect des distances de sécurité à proximité des habitations en ne traitant pas des rangs de vigne qui leurs sont contigus, le TNT installé en mitoyenneté, est un outil de démonstration de l’intérêt d’une protection antifongique.

Partager les observations, pourquoi faire ?

Au-delà de fiabiliser l’information à l’échelle communale ou plus, comme évoqué précédemment, le partage des observations est important. La diversité des types d’information qui peut être sous forme de suivi, mais aussi, plus ponctuelle et déclarative par la signalisation de symptômes à une date donnée, demande pour être valorisable des outils adaptés. La notion de réseau collaboratif joue alors un rôle essentiel.


L’expertise de chacun est employée pour obtenir une vision plus objective du niveau de pressions parasitaires à l’échelle du bordelais mais aussi sur les particularités épidémiques du millésime. Techniciens en majorité mais aussi viticulteurs saisissent et partagent leurs observations. Ils font vivre les réseaux locaux (caves coopératives, IFV Epicure, etc) mais aussi national par le réseau d’épidémio-surveillance « Suivi Biologique du Territoire » (SBT) utilisé dans le Bulletin de Santé Végétale (BSV).


En Gironde, les outils de saisie et de partage des observations vous sont proposés essentiellement sur deux plateformes Epicure 2 pour les TNT et l’application Di@gnoPlant Vigne Inrae pour des déclarations de dégâts ponctuelles dus à un parasite, un ravageur ou un événement climatique ou de suivi pour le Réseau Alerte Communal.

Saisie et partage des observations avec Epicure
Saisie et partage des observations avec Epicure

Ces informations sont ensuite traitées et synthétisées de différentes façons :

  • Positionner géographiquement les maladies. Les professionnels contribuant à cette remontée d’information accèdent à des cartes hebdomadaires pour chacune des maladies (mildiou, oïdium, black rot). Ces cartes permettent de visualiser la propagation de la maladie géographiquement mais aussi dans le temps. Plus largement, via le BSV, la filière accède à ces informations de façon plus globale et synthétique.
  • Caractériser les épidémies et leur vitesse de développement en fonction des millésimes mais aussi la récurrence des épidémies très destructrices, etc.
  • • Constituer une base de données épidémiologiques. Ces données travaillées et centralisées est une source de renseignements utilisées par l’INRAE. Elles permettent également d’être une base de travail pour créer de nouveaux modèles de développement de ces maladies.

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