Couverts végétaux en inter-rang : quelle stratégie mettre en place ?

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L’entretien et le travail du sol sont une des réponses principales à la question de la réduction de l’utilisation des herbicides. Face aux enjeux environnementaux et de santé publique, la profession viticole fait évoluer ses pratiques. Pour les accompagner dans ces changements, plusieurs expérimentations ont été menées avec la participation de viticulteurs. De la gestion de couverts végétaux, en passant par les semis et tontes sous le rang, il existe plusieurs manières d’entretenir les sols.

L’enherbement : une solution durable

La suppression des herbicides passe par la mise en place de couverts végétaux entre les rangs et sous le rang. La Chambre d’Agriculture de la Gironde coordonne des expérimentations afin d’optimiser la gestion des couverts végétaux tout en maîtrisant la concurrence induite en fonction des contextes pédoclimatiques et des objectifs de production. Ces expérimentations cherchent à maximiser les services éco-systémiques associés aux couverts (protection des sols, entretien de la fertilité, stockage de carbone, préservation de la biodiversité).

La gestion des couverts végétaux semés en inter-rangs, engrais verts, occupe une place centrale dans nos travaux, compte-tenu des très nombreux services écosystémiques associés et des risques limités de concurrence (période de repos végétatif de la vigne). Les projets visent à guider les viticulteurs pour adapter les espèces, les matériels et les itinéraires techniques à leurs problématiques agronomiques et à leurs systèmes de production, tout en raisonnant les périodes d’intervention en fonction des conditions climatiques.

Semis de trèfle incarnat, vesce, avoine et radis pour entretenir la fertilité de ses sols
Semis de trèfle incarnat, vesce, avoine et radis pour entretenir la fertilité de ses sols

Quels résultats sur le long terme ?

Financé par le CIVB, le projet VERTIGO (2017-2023) acquiert des références pour limiter le travail du sol inter-rangs au profit des couverts végétaux et maximiser les services écosystémiques rendus. La gestion des couverts végétaux semés (engrais verts…) et naturels occupe une place centrale dans ce projet. Il s’inscrit dans la continuité des projets et programmes « Flore des Vignes en Gironde » (2014-2016, financement CIVB), « Gestion Intégrée des Adventices et de la Fertilité des sols » (2012-2016, financement FranceAgriMer, Région Aquitaine et CIVB).

Le dispositif expérimental

Les travaux sont menés sur un réseau de douze parcelles sélectionnées pour la représentativité des différents types de sols et terroirs bordelais. Ce réseau permet d’appréhender la gestion des couverts végétaux dans des contextes pédoclimatiques variés avec des contraintes et des objectifs technico-économiques différents.

Chaque parcelle sélectionnée est divisée en deux parties :

  • L’une appelée « modalité témoin » sur laquelle les viticulteurs mettent en oeuvre leurs pratiques et itinéraires techniques habituels,
  • L’autre appelée « pratique alternative » sur laquelle sont testées des pratiques ou des itinéraires alternatifs visant à réduire l’utilisation des herbicides et des engrais minéraux tout en limitant le nombre d’interventions (semis d’un couvert hivernal, engrais vert, gestion extensive des couverts naturels avec tonte réduite).

Les pratiques alternatives sont décidées en fonction des observations au vignoble :

  • vigueur de la vigne (rendement et poids des bois de taille)
  • sol (texture, pH, hydromorphie, teneur en matière organique, C/N…)
  • flore naturelle présente (vivaces, annuelles, système racinaire, stolon…)
  • couverts semés (hauteur, poids avant destruction)
  • pratiques culturales (nombre d’interventions, buts, outils utilisés…)

Quelles pratiques favoriser ?

  • Pratiquer une gestion extensive des couverts végétaux, c’est-à-dire moins interventionniste avec une à deux tontes par an, moins rases et plus tardives (pas de tonte avant mi-mai). Cette gestion extensive des couverts accroît la diversité floristique et facilite le développement d’espèces annuelles à cycle long, tout en réduisant la concurrence avec la vigne. La réduction des tontes favorise la séquestration du carbone dans les sols, permettant d’augmenter significativement leur teneur en matière organique.
  • Apporter des amendements organiques restructurants (20 à 30 tonnes par hectare de compost végétal) sur les sols dégradés.
  • Semer des engrais verts hivernaux dans le but d’améliorer la structure du sol et de le protéger contre l’érosion. Les graminées favorisent la décompaction et l’assainissement du sol tout en apportant des matières organiques humifères. Les crucifères ont un effet restructurant entraînant une baisse de pH du sol. Enfin, les légumineuses apportent une alimentation azotée particulièrement intéressante.
Vignes avec des inter rang cultivés et fleuris
Couvrir les sols pour les protéger et les nourrir
Réduire l’utilisation des herbicides grâce aux couverts végétaux – projet VERTIGO
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Compte-rendu technique couverts végétaux – projet VERTIGO
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Comment choisir la pratique adaptée ?

Des outils ont été développés pour faciliter la compréhension des sols et ainsi mieux gérer leur fertilité pour améliorer l’alimentation hydrominérale des parcelles viticoles. L’utilisation de l’ensemble des outils DECISOL permet un diagnostic complet de la parcelle et oriente vers des préconisations adaptées.

Des outils de diagnostic simples d’utilisation
DECISOL : Des outils de diagnostic simples d’utilisation @CA33

Les retours du terrain

Témoignage

“Quand j’ai arrêté de désherber, j’ai constaté une baisse des rendements. Mais nous nous sommes donné du temps et avons réussi à trouver des combinaisons de pratiques de gestion des sols plus adaptées à mes terroirs. Elles nous ont permis de compenser les pertes liées au développement des enherbements naturels. Aujourd’hui sur la parcelle d’essai avec la Chambre d’Agriculture, nous combinons un inter-rang naturel avec un semis d’engrais verts un inter-rang sur deux, qui limite la concurrence hydrominérale et rapporte d’importantes quantités de matières organiques. Cet ensemble de pratiques permet de faire les rendements et de limiter mes opérations culturales et coûts associés. Ce n’est pas une recette ”passe partout” il faut adapter chaque itinéraire à la nature des sols et à la flore présente.”

Matthieu Audubert,
Viticulteur sur le Vignobles Mallet-Audubert – 43 ha dans l’Entre-Deux-Mers.
Matthieu AUDUBERT, viticulteur sur une propriété de 43 ha dans l’Entre-Deux-Mers, revient sur sa démarche agro-écologique

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